Mamychris

En ce jour de la journée de la femme j'ai décidé de pousser mon cri de colère, de laisser sortir ce qui me reste sur le coeur depuis novembre 2008...

J'habitais dans un petit immeuble tranquille de trois étages, avec 2 appartements par palier, principalement habité par des femmes seules. Je vivais au rez de chaussée. Sauf que cette tranquillité a volé en éclat dans le courant de l'été. Notre voisin du 3 ème avait prêté son appartement à des jeunes très bruyants. Nous avons supporté tout l'été les allées venues à toutes les heures du jour et de la nuit....jusqu'à cette nuit de novembre où, à 3 h du matin, je les ai entendus rentrer à grand renfort de bruit dans l'escalier. Ils ont commencé leur "fête"....impossible de fermer l'oeil et soudain...un bruit de bagarre et le cri d'une femme. Puis le silence. Il est 5h du matin. Une cavalcade dans l'escalier me fait me lever. Je regarde par le volet entrouvert. Je vois deux jeunes hommes se battre et une jeune femme partir en courant...un des jeunes hommes tombe à terre. L'autre s'enfuit...Ma voisine, affolée, frappe à ma porte. Elle a très peur, elle sert son petit chien contre elle. Je me décide à appeler la police.  Ma voisine retourne chez elle.Je signale  à mon interlocuteur les bruits et surtout la présence du jeune homme à terre. Le policier me demande de vérifier si il n'est pas blessé, incroyable...mais je vais le faire au moment où le jeune homme se relève en titubant et part sur les traces de la jeune fille. Le policier me dit qu'il prévient quand même la brigade de ma ville pour qu'elle vienne faire une ronde et nous raccrochons.
A peine le téléphone posé, j'entends un grand bruit dans l'entrée de l'immeuble puis les cris d'une femme qui appelle au secours désespérément. J'ouvre alors ma porte et découvre la jeune femme à terre, le visage en sang que le jeune homme frappe et tire par les cheveux. Le regard de la femme croise le mien et je lis sa terreur. Elle crie "aidez-moi, il va me tuer !". Je saisi un de ses bras, elle s'accroche au mien, je la tire vers moi, l'homme la tire vers lui en continuant de la frapper. Je la tire plus fort et la fais chez moi et je ferme la porte non sans avoir laisser entrer en même temps une  grande chienne tout affolée. J'ai juste le temps de vérouiller ma porte que l'homme essaie de l'ouvrir et donne de grands coups de pied dedans. Il hurle des choses incompréhensibles et puis c'est le silence et je l'entends partir.
Je m'occuppe alors de la jeune femme. Elle a le visage tuméfiée, le nez en sang, les mains aussi. Elle pleure. Je lui lave le visage et la laisse parler....C'est la misère...drogue, alcool, violence...Je retéléphone à la police. Il est 6 h du matin...je parle de la jeune femme blessée, le policier semble surpris que ces collègues ne soient pas encore arrivés. Ils arriveront une heure plus tard !!! Pendant ce temps, j'ai fait du café pour la jeune femme et ma voisine qui est revenue.
Enfin, la "force de police" arrive : un gendarme et une gendarmette, tous surpris de trouver la jeune femme qu'ils connaissent apparemment bien pour des faits similaires. L'interrogatoire se passe chez moi !!! une demie heure plus tard alors que les gendarmes prennent congé, je leur demande d'aller quand même vérifier si le jeune homme n'est pas dans l'appartement auquel cas, la jeune femme est toujours en danger. "Ah oui" me dit le gendarme qui n'avait pas du tout penser à cela. Il monte vérifier, redescend nous prévenir que l'appartement est vide et s'en va avec sa collègue me laissant la jeune femme sur les bras!!!
Je la conduis à l'hôpital puis chez des amis à elle car personne de sa famille n'a voulu se déplacer pour venir la chercher!!
Le lendemain, je croise le jeune homme qui sort de la gendarmerie où je suis convoquée pour faire ma déposition. Il me jette un regard noir. L'après-midi même, je rencontre la jeune femme qui m'apprend qu'elle n'a pas porté plainte contre son ami "car je l'aime" me dit-elle. Que répondre à celà ? Ils ne reviendront pas dans l'appartement, ouf !

Mais je reste en colère contre les gendarmes qui ont tardé à venir, qui n'ont pas mis la jeune femme en sécurité, qui m'ont laissé la charge de m'en occuper tout en sachant que le jeune homme pouvait revenir.
Je suis surtout en colère contre mes voisins hommes...aucun d'eux n'a bougé. Dans ma montée d'escalier, il y avait un homme et son fils ( de stature très imposante), dans l'entrée d'à côté, il y avait 3 hommes qui ne pouvaient pas ne pas entendre les cris de cette femme qui appelait "au secours"...Par contre, lorsqu'ils ont vu la voiture des gendarmes, ils se sont tous mis à la fenêtre pour dire leur mécontentement quand au bruit...E voilà des hommes courageux !!

Dans la semaine suivante, j'ai reçu la visite des médiateurs de l'OPAC mis au courant de l'incident par la gendarmerie. Ils tenaient à me féliciter pour mon courage....Ce n'est pas le courage qui m'a poussée à ouvrir la porte, ce sont les cris de la femme...des cris de souffrance, des hurlements...c'est une "force" inconnue, quelque chose d'inexplicable que je n'ai pas maitrisé. C'était l'appel d'un être humain en souffrance ...
Le pire c'est que j'ai appris que l'OPAC tient à disposition de la gendarmerie un appartement d'urgence pour les cas semblables et là, il était libre...

Voilà, j'ai été un peu longue mais je suis soulagée d'avoir poussé mon cri de colère qui me pesait depuis plus de deux ans. 

                           PENSEES POUR TOUTES LES FEMMES OPPRIMEES DE QUELQUES FACONS QUE SE SOIT.