2 février 2010
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10:48
ce matin, à 7h30, je suis allée dans le fond du jardin afin de photographier le soleil levant...et une fois de plus, mes photos ne sont pas nettes (voir ma
page sur l'empilage du bois).
voilà, c'est dommage mais je recommencerai en ayant soin de revoir ma façon de photographier!!
Je revenais vers la maison tout en écoutant le pépiement des oiseaux et le crissement de la neige sous mes pas et soudain...je me suis transportée au 2 février 1962.
Il fait un temps à ne pas mettre un enfant dehors et pourtant ils trottinent dans le petit matin froid. Ils sont trois, âgés de 6 à 10 ans. Il est à peine 8 h...La plus petite essaie de suivre le pas alerte de ses deux ainés. Elle est très fière de ses bottes blanches, ses bottes de "Russie", fourrées, que sa marraine lui a offert pour son anniversaire, le 31 décembre. Les deux grands ont rajouté une paire de chaussettes supplémentaire dans leurs bottes de caoutchouc. La descente des escaliers de la digue s'averre un tantinet glissante. La neige est gelée à l'abri des buis qui diffusent leur odeur dans l'air sec et matinal. Les enfants traversent la "promenade" sous le couvert des platanes qui leur font une allée majestueuse et immaculée. La rivière en contrebas chante gaiement, se souciant peu des petits qui longent son cours en accèlerrant le pas. "Attends-moi dez..." crie la petite au travers de l'écharpe de laine dont sa maman lui a couvert la tête et nouée devant sa bouche pour éviter les gerçures sur les lèvres. Sa grande soeur, emmitouflée dans une cape bleu marine et la tête couverte par un bonnet de laine rouge daigne enfin se retourner. Elle prend la menotte de la petite et la soulage de son cartable., mais elle ne ralentit pas pour autant, c'est qu'elle a peur d'arriver en retard à l'école. "Dépêche toi" crie-t-elle à son frère, vêtu d'une veste canadienne et d'une casquette dont les rabats couvrent ses oreilles. Il musarde sur le "pont noir" et regarde l'eau à travers la rembarde.
Enfin, ils traversent la "passerelle rose"...au même moment, un rayon de soleil illumine le chemin qui monte à la route de Dijon. C'est une féerie. Des diamants pendent après les aubépines gelées, Les arbres sont givrés et font un décor de carte de Noël aux trois enfants qui regardent émerveillés le paysage se tranformer sous leurs yeux.
Alors, les oiseaux s'en donnent à coeur joie, c'est à qui pépiera le plus fort. Ils volètent de buissons en buissons. "J'en ai vu un " crie la petite, "j'en ai vu un, il avait un voile de mariée". "Où ça ?" demandent les deux plus grands déçus de n'avoir rien vu. "Là-bas, mais il est parti !".
Les trois enfants reprennent leur marche un instant interrompue. "Alors, c'est vrai?" demande la petite. "C'est vrai que c'est le mariage des petits oiseaux aujourd'hui?". "Ben oui, tu vois, maman avait raison !" dit la grande soeur. En effet, pour leur donner le courage d'affronter les 3 kilomètres qui les séparent de l'école, leur maman a inventé cette histoire et l'imagination de la petite a fait le reste.
Voilà la route de Dijon, la marche est plus facile maintenant. ils passent devant la ferme des "Baudots" mais aucun tracteur ne manoeuvre dans la cour et la porte de l'étable qui abrite le taureau "Pompon" est fermée. Le garçon est décu mais la grande est satisfaite, ainsi, elle n'aura pas à revenir en arrière chercher son frère en extase devant la cour de la ferme. Enfin voilà la pancarte "ST EUPRHONE" qui indique l'entrée du village.Encore vingt minutes et les petites jambes pourront se reposer pendant tout une journée, dans une classe bien chaude tout en écoutant la maîtresse qui dispense son savoir à une trentaine d'enfants répartis du cours préparatoire au certificat d'étude.
Les trois enfants saluent au passage le forgeron au visage rougi par les flammes de sa forge. Ils se mêlent aux autres écoliers dans la cour qui résonne des cris des arrivants. La cloche sonne, le silence se fait, les rangs se forment. Les trois enfants referont le chemin en sens inverse à la fin de la journée en pressant le pas, motivés par la pensée que leur maman leur aura préparé des bonnes crêpes chaudes et dorées puisque c'est la chandeleur.
Et moi, depuis ce 2 février 1962, à chaque chandeleur, je regarde par la fenêtre et je surveille les oiseaux. Je peux vous assurer que j'ai vu passer chaque année au moins un oiseau qui porte un petit voile de mariée. D'ailleurs j'en ai vu un pas plus tard que ce matin...et ce n'est pas l'effet de mon imagination !
Bonne chandeleur à tous et toutes. Et gardez votre âme d'enfant surtout.
voilà, c'est dommage mais je recommencerai en ayant soin de revoir ma façon de photographier!!
Je revenais vers la maison tout en écoutant le pépiement des oiseaux et le crissement de la neige sous mes pas et soudain...je me suis transportée au 2 février 1962.
Il fait un temps à ne pas mettre un enfant dehors et pourtant ils trottinent dans le petit matin froid. Ils sont trois, âgés de 6 à 10 ans. Il est à peine 8 h...La plus petite essaie de suivre le pas alerte de ses deux ainés. Elle est très fière de ses bottes blanches, ses bottes de "Russie", fourrées, que sa marraine lui a offert pour son anniversaire, le 31 décembre. Les deux grands ont rajouté une paire de chaussettes supplémentaire dans leurs bottes de caoutchouc. La descente des escaliers de la digue s'averre un tantinet glissante. La neige est gelée à l'abri des buis qui diffusent leur odeur dans l'air sec et matinal. Les enfants traversent la "promenade" sous le couvert des platanes qui leur font une allée majestueuse et immaculée. La rivière en contrebas chante gaiement, se souciant peu des petits qui longent son cours en accèlerrant le pas. "Attends-moi dez..." crie la petite au travers de l'écharpe de laine dont sa maman lui a couvert la tête et nouée devant sa bouche pour éviter les gerçures sur les lèvres. Sa grande soeur, emmitouflée dans une cape bleu marine et la tête couverte par un bonnet de laine rouge daigne enfin se retourner. Elle prend la menotte de la petite et la soulage de son cartable., mais elle ne ralentit pas pour autant, c'est qu'elle a peur d'arriver en retard à l'école. "Dépêche toi" crie-t-elle à son frère, vêtu d'une veste canadienne et d'une casquette dont les rabats couvrent ses oreilles. Il musarde sur le "pont noir" et regarde l'eau à travers la rembarde.
Enfin, ils traversent la "passerelle rose"...au même moment, un rayon de soleil illumine le chemin qui monte à la route de Dijon. C'est une féerie. Des diamants pendent après les aubépines gelées, Les arbres sont givrés et font un décor de carte de Noël aux trois enfants qui regardent émerveillés le paysage se tranformer sous leurs yeux.
Alors, les oiseaux s'en donnent à coeur joie, c'est à qui pépiera le plus fort. Ils volètent de buissons en buissons. "J'en ai vu un " crie la petite, "j'en ai vu un, il avait un voile de mariée". "Où ça ?" demandent les deux plus grands déçus de n'avoir rien vu. "Là-bas, mais il est parti !".
Les trois enfants reprennent leur marche un instant interrompue. "Alors, c'est vrai?" demande la petite. "C'est vrai que c'est le mariage des petits oiseaux aujourd'hui?". "Ben oui, tu vois, maman avait raison !" dit la grande soeur. En effet, pour leur donner le courage d'affronter les 3 kilomètres qui les séparent de l'école, leur maman a inventé cette histoire et l'imagination de la petite a fait le reste.
Voilà la route de Dijon, la marche est plus facile maintenant. ils passent devant la ferme des "Baudots" mais aucun tracteur ne manoeuvre dans la cour et la porte de l'étable qui abrite le taureau "Pompon" est fermée. Le garçon est décu mais la grande est satisfaite, ainsi, elle n'aura pas à revenir en arrière chercher son frère en extase devant la cour de la ferme. Enfin voilà la pancarte "ST EUPRHONE" qui indique l'entrée du village.Encore vingt minutes et les petites jambes pourront se reposer pendant tout une journée, dans une classe bien chaude tout en écoutant la maîtresse qui dispense son savoir à une trentaine d'enfants répartis du cours préparatoire au certificat d'étude.
Les trois enfants saluent au passage le forgeron au visage rougi par les flammes de sa forge. Ils se mêlent aux autres écoliers dans la cour qui résonne des cris des arrivants. La cloche sonne, le silence se fait, les rangs se forment. Les trois enfants referont le chemin en sens inverse à la fin de la journée en pressant le pas, motivés par la pensée que leur maman leur aura préparé des bonnes crêpes chaudes et dorées puisque c'est la chandeleur.
Et moi, depuis ce 2 février 1962, à chaque chandeleur, je regarde par la fenêtre et je surveille les oiseaux. Je peux vous assurer que j'ai vu passer chaque année au moins un oiseau qui porte un petit voile de mariée. D'ailleurs j'en ai vu un pas plus tard que ce matin...et ce n'est pas l'effet de mon imagination !
Bonne chandeleur à tous et toutes. Et gardez votre âme d'enfant surtout.